La pomme de discorde

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« The Idler Wheel is wiser than the Driver of the Screw and Whipping Cords will serve you more than Ropes will ever do »: ce titre à rallonge n’invite guère à l’écoute. Pourtant, ce quatrième album de Fiona Apple vaut le détour. Untel aimera, les autres détesteront. Mais tout le monde s’accordera pour dire que cette interprète américaine sort du lot. Car à l’image de cet intitulé sans fin, la musique de l’artiste dérange. Tout à la fois adulée et décriée outre-Atlantique, l’artiste à l’enfance difficile transmet, à travers sa musique, un univers oscillant de clairs obscurs.

Une voix diaphane pour une musique sombre, tel est l’étrange mélange de cet opus. Si la vulnérabilité pointe, ce sont malgré tout les paroles dures, voire revendicatrices, qui l’emportent. Ainsi « Every Single Night », dont le chant parlé grésille, se fait profond et ardent, en dénonçant quelque injustice dont on ignore le sens. En effet, difficile de tout saisir. Sans doute incomprise, Fiona Apple se veut délibérément incompréhensible.

Les instruments se révèlent plus agressifs encore que la voix. Claviers dissonants, rythmes militaires, percussions psychédéliques, proches du bruit: « Daredevil », « Left Alone » ou encore « Regret » ont ce quelque chose de lancinant et de crépusculaire. Très expérimental, « The Idler Wheel » ne dissimule pas les monceaux de souffrance qui en sont à l’origine. Au contraire, l’album les exploite pleinement. Un chef d’œuvre proche de la folie. Ou du génie.

Site officiel de Fiona Apple

/ATCNA