A la fois réac et rêveur, Jack White a choisi de mettre en chansons des nouvelles et des pièces qu’il avait écrites quand il avait à peine 19 ans. L’âge marque de son empreinte le bonhomme et sa musique, alors le maestro conjugue son inspiration à l’encre de « Lazaretto », son ouvrage mélodique le plus élaboré et, peut-être, le plus ambitieux. La guitare de White se mélange à des sonorités folk et rap, l’homme de notes est manifestement avide de nouveautés. Au fil des titres, on s’achemine à tâtons vers la noirceur mélancolique de l’auteur-compositeur. Ainsi va son cœur épris d’anxiété dans « High Ball Stepper » ou de mystère dans « Would You Fight For My Love? ». Jack White a le talent nécessaire pour inventer un genre rien qu’à lui, un blues rock sombre comme sa chevelure de jais. Dans « Lazaretto », Jack White incarne ce précurseur émérite et pourtant hors du temps, comme s’il était coincé dans les pas de la musique populaire américaine. Sa gloire se précise un peu plus dans un album aigre-doux qui libère un artiste de ses servitudes passées.