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Tricky évoque son âge d’or

credits:DR

Tricky, le kid de Bristol pionnier du mouvement trip-hop, peut s’enorgueillir d’une productivité bien plus prolifique que ses ex-collègues de Massive Attack ou que Portishead. Le problème de Tricky? Il a commencé sa carrière solo en livrant "Maxinquaye" (1995). Un premier album au sujet duquel on pouvait, déjà à l’époque de sa sortie, parier qu’il ne pourrait être que son meilleur. Après un tel coup de maître, Tricky n’a pas eu pas d’autre choix que de chercher à défricher d’autres territoires. Un cap qu’il a maintenu jusqu’au disque précédent "Knowle West Boy" (2008), une oeuvre un poil nostalgique, qui prouvait que Tricky souhaitait enfin revenir vers ses racines, vers son propre âge d’or.

"Mixed Race", son neuvième album, se présente comme une suite logique à son prédécesseur, mais en plus essentiel. Tricky se focalisant davantage sur l’assemblage des textures rythmiques et mélodiques que sur les paroles. Globalement, le tempo se montre plus enlevé. Enregistré à Paris (où Tricky vit désormais) en compagnie d’un petit éventail d’invités au talent respectable, tels que le batteur Bobby Gillespie (Primal Scream), le chanteur Rachid Taha ou encore la chanteuse Terry Lynn, "Mixed Race", bien que d’une durée brève, témoigne d’un éclectisme tel qu’il en deviendrait déstabilisant. Mais l’intention de ce genre d’artiste n’est certainement pas de nous mettre en sécurité!

L’album débute par un "Every Day" minimaliste, bluesy et chamanique. Avec peu d’instruments, Tricky fait tout de même aisément prendre la sauce. "Kingston Logic" nous plonge dans une spirale électro-hip hop hypnotique, soulignée par la voix scandée, hachée et syncopées de l’artiste connu pour son attitude quasi-autistique sur scène. Place à une humeur jazzy, avec "Early Bird", qui séduit par son sample de trompette et ses couches assemblées avec tact.

"Ghetto Stars", plus rock, nous assaille avec un rythme anguleux et la voix de Tricky qui part dans tous les coins. Une boucle de synthé imitant des mesures de violons aurait pu très mal passer, mais ici, bizarrement, elle s’accorde parfaitement à la chanson. Quand le kid de Bristol confectionne ce style d’ambiance hantée, on ne peut que l’apprécier. Il donne l’impression d’envoyer des fantômes se glisser à travers notre plexus solaire.

Un raï ensorcelé, interprété par Rachid Taha et Hakim Hamadouche, nous convie ensuite dans le désert. On rêverait que toute musique World soit aussi bien produite! Des beats construits avec un minimum de sons laissent place aux mélodies du chant, des choeurs et du violoncelle.

Tricky joue avec les imperfections sonores dans le but de les sublimer, en parvenant à les fondre dans un ensemble cohérent, tel un authentique alchimiste qui serait parvenu à transformer le bronze en or. Dommage toutefois que la fin de l’album aligne un ou deux titres moins convaincants…MySpace de TrickySite officiel de Tricky

/ATCNA