Nina Hagen chante pour… Jésus!

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Sur son nouveau disque, "Personal Jesus", l’imprévisible et excentrique Nina Hagen relate sa rencontre avec… Jésus Christ! Un thème a priori surprenant pour cette artiste allemande au parcours atypique tant au niveau de sa carrière musicale que des courants de pensées qu’elle a suivi successivement avant de se tourner vers le plus célèbre des crucifiés.

Rappelons-le aux plus jeunes: Nina s’est d’abord fait connaître en tant que meneuse du punk teuton à tendance new-wave, au sein du Nina Hagen Band, à la fin des années 70. Ses cheveux de corbeau, sa pâleur extrême et ses lèvres rouge sang ont fait d’elle une sorte d’icône emo avant l’heure, comme un pendant féminin, à l’époque, du gothique Robert Smith de The Cure. Certaines de ses attitudes provocatrices, genre chipie de la pop au sens large, la rapprocherait aussi d’une actuelle Lily Allen.

Nina n’a jamais eu peur des contradictions et est depuis longtemps passée maîtresse dans l’art d’effectuer grands écarts ou autres changements de direction intempestifs. Sinon, comment expliquer qu’elle a été punk (donc – on peut logiquement le supposer – anarchiste et athée…), puis bouddhiste obsédée par les soucoupes volantes, pour finir baptisée dans un temple protestant?

Au moins, Nina Hagen n’a rien d’une musicienne qui se contente de ressasser la même formule disque après disque. Elle évolue et change de genre aussi spectaculairement que de convictions spirituelles. Sur "Personal Jesus", l’Allemande a ainsi puisé dans des influences qui collent bien à son nouveau dada, le fils de Dieu… donc. Et c’est tout naturellement un disque de gospel qu’elle nous a concoctés.

Sa voix est toujours aussi expressive, comme sur "God’s Radar", où certaines éructations de fin de mesure auraient largement de quoi choquer le dévot lambda. On se pose ainsi d’emblée la question: tout cela est-il à prendre vraiment au sérieux ou faut-il s’armer d’un épais bouclier de second degré avant de poursuivre l’écoute de l’album? On s’habitue ensuite bizarrement au timbre rauque, assez masculin, de Nina, qui sied on ne peut mieux au blues acoustique de "Nobody’s Fault But Mine". Ça le fait moins sur des morceaux davantage country, comme par exemple "Just a Little Talk With Jesus".

Au final, on se dit que Nina Hagen a l’air de bien s’amuser et sa joie se montre parfois communicative. La façon dont elle maîtrise ses cordes vocales suffit à faire de cet album une succession de morceaux sympathiques à écouter.

Site officiel de Nina Hagen

/ATCNA