
"The Dark Side of the Moon" de Pink Floyd, sorti en 1973, s’impose comme l’un des albums les plus vendus de tous les temps. Sa pochette et sa musique resteront à jamais gravées dans l’histoire du pop rock. De nombreux groupes se sont essayés à le reprendre, sans évidemment parvenir à atteindre la qualité de l’original – ceci n’étant rarement le but d’une telle entreprise… D’autres collaborations, bien conscientes de l’inutilité d’exécuter un simple copier-coller, ont plutôt tenté de le réinterpréter. On se souvient du surprenant travail du collectif de reggae-dub Easy Star All-Stars qui, en 2003, avait repris la célèbre galette pour livrer un disque convaincant et plein de respect: "The Dub Side of the Moon".
The Flaming Lips, accompagnés d’un éventail d’artistes dont Peaches et Henry Rollins, s’attaquent à leur tour à cette oeuvre majeure. On ne pourrait se montrer vraiment surpris, le groupe américain ayant toujours mis en avant un son aux arrangements psychédéliques, s’inspirant largement de ce que Pink Floyd faisait dans les années 70. Le combo mené par le charismatique chanteur Wayne Coyne a eu la bonne idée de prendre certaines libertés. Et même parfois beaucoup! Si bien que le rapport avec les titres originaux ne vient pas forcément à l’esprit tout de suite. Ce qui est une bonne chose, car pour les auditeurs qui s’intéresseront à cet opus, l’oeuvre originale se trouve certainement profondément ancrée dans leur mémoire.
L’intro "Speak to Me/Breathe" gagne en aspérités et plane moins haut que la version du Floyd. "On the Run", à part les bruitages, n’a plus grand-chose à voir avec son modèle. The Flaming Lips et Henry Rollins en font somme toute un morceau d’électro-rock instrumental des plus prenants. Plutôt que de se calquer sur le titre de base, on a ici droit à une sorte de jus hybride, concocté en faisant passer la matière première à travers tout un tas de filtres. Un son basé sur l’évocation plutôt que sur le souvenir.
"Time" nous plonge dans une curieuse ambiance, mi-bruitiste, mi-soporifique. Le morceau aurait mérité meilleur sort… Et que dire de la perle lyrique signée en 1973 par Pink Floyd, "The Great Gig in the Sky", totalement dénaturée par les hurlements atroces de l’aussi sulfureuse que surestimée Peaches? "Money", hit improbable à l’époque, avec son bizarre rythme en 7/8, prend ici des airs retro-futuristes teintés d’indus.
Il faut attendre "Us and Them", repris avec tact et douceur, pour commencer à apprécier l’initiative des Flaming Lips. La sauce continue ensuite à prendre jusqu’à la fin du disque. "Brain Damage" ayant inspiré de la meilleure façon qui soit le groupe de Wayne Coyne, accompagné encore sur ce titre de Henry Rollins. Des reprises inégales qui seraient plutôt à considérer comme un break récréatif.Page officielle consacrée à l’album sur le site des Flaming Lips