Le nouveau Arcade Fire n’emballe pas…

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C’était l’album le plus attendu de l’été pour les fans de bon rock indépendant. Après quelques mois de buzz aussi savamment orchestré que sa musique, Arcade Fire dévoile "The Suburbs".

Ce nouvel opus succède à "Neon Bible" (2007), qui avait confirmé tout le bien que l’on pensait du groupe canadien, présenté à l’époque de "Funeral" (2004), son premier effort discographique, comme rien de moins que le sauveur du rock. Si cette assertion paraît forcément un brin exagérée (on a peut-être aussi dit ça des Strokes ou des Arctic Monkeys… non?), n’empêche qu’avec sa pop baroque et barrée au souffle résolument épique, Arcade Fire a montré avec ses 2 premiers disques que l’on peut friser le ridicule – avec un son presque pompeux et une orchestration limite grandiloquente – sans y sombrer, et même en captivant l’auditeur et en l’emmenant sans chichis dans un tourbillon de palpitations peu définissables mais au combien agréables à l’écoute, envahissant les mélomanes sensibles d’un frissonnement parcourant leur corps des pieds à la tête. "The Suburbs" a-t-il les mêmes vertus?

Premier constat avec le titre éponyme qui entame la galette: exit l’ambiance fin du monde de "Neon Bible. Cette ritournelle sympathique, au rythme qui balance bien, montre qu’Arcade Fire et son leader Win Butler ont gagné en légèreté… ce qui n’augure pas forcément que du bon. "Ready to Start" fait un peu plat après ce titre introductif, notamment à cause d’un son style synthpop des années 80; on attend le décollage mais en vain. Ensuite, "Modern Man" redresse un petit peu la barre, sans parvenir à éviter que l’on se demande où a bien pu passer le lyrisme épique du groupe.

"Rococo" renoue avec une émotion auquel Arcade Fire nous a habitués. Construit sur une base de guitare acoustique qui tourne autour de quelques accords, ce morceau reprend une formule entendue sur "Funeral". On pourra reprocher aux Canadiens de ne rien inventer de nouveau, mais au moins ce genre de titres, à l’instar du premier de la tracklist, a une réelle efficacité. Avec le speedé "Empty Room", Régine Chassagne se pointe enfin derrière le micro. Passons rapidement sur l’anecdotique "City With No Children", car les 2 titres "Half Light I" et "Half Light II (No Celebration)" forment un diptyque plus savoureux. A une chanson tranquille et soyeuse, Arcade Fire oppose un pendant plus saccadé.

"Month of May" peut étonner, avec son beat frénétique et sa distorsion grasse, mais passe particulièrement bien à ce moment-là du disque, où l’on aurait peut-être eu tendance à avoir les paupières lourdes. On aurait vraiment aimé que l’opus continue sur cette lancée, mais non, un calme de plus en plus ennuyeux s’installe… Dommage. Sans jamais décevoir totalement – Arcade Fire soigne toujours comme il faut son écriture et sa production -, "The Suburbs" coupe chaque fois son élan juste quand on aurait pu commencer à s’emballer.

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/ATCNA