Le jeune interprète-compositeur canadien a finalement trouvé la force de canaliser ses sentiments déchiquetés par ses errances biographiques pour sortir un opus qui s’adresse à tous. Longtemps, le folk-rock a été dépourvu d’auteurs suppliciés, comme si l’époque et la nature humaine qui y est rattachée s’étaient radoucies. Blake Bliss s’impose et explore l’opacité de notre temps en même temps qu’il expérimente dans leurs moindres retranchements les sonorités de sa guitare, et c’est armé d’une rythmique acoustique bouleversante qu’il déclame ses doutes, ses meurtrissures, et même ses hésitations. « Cry Wolf » sonne comme un appel dans la nuit aux êtres échoués, marginalisés, et pourtant, encore habités par un morceau d’humanité. Puis les tirades poétiques de « First Word », « Shadow Servitude » et « Ash Tree » s’étirent sur le fil de sa voix brute, une parole engloutie dans les noirceurs des évidences, mais comme le titre « My Love » le suggère si bien, au-delà de la confusion et de l’angoisse, l’espoir est toujours là.
Tous droits réservés – « Friend, Enemy, Stranger », l’album folk-rock saisissant de Blake Bliss.