En 2008, le quintet britannique Foals avait fait sensation avec "Antidotes", un premier opus malin et entraînant, composé de tubes imparables, comme "Cassius" ou encore "Balloons". S’en sont suivis de longs mois de tournées qui ont laissé les membres du groupe sur les genoux. On comprend leur désir initial d’enregistrer leur second album sous le soleil d’Hawaï. Mais c’est finalement dans une toute autre ambiance que les titres de ce "Total Life Forever" ont vu le jour.
Le chanteur Yannis Philippakis a décidé d’emmener ses petits camarades dans des studios suédois, en pleine zone industrielle de Göteborg… Jack Bevan (batterie), Jimmy Smith (guitare), Edwin Congreave (claviers) et Walter Gervers ont certainement dû se demander ce qui était passé par la tête de leur leader pour vouloir aller se les geler en Scandinavie! Mais Philippakis avait une idée précise du ton qu’il souhaitait donner à la nouvelle galette du groupe.
Le temps influant sur l’humeur – et donc sur la couleur des compositions -, il paraît clair que "Total Life Forever" marquerait un tournant. Difficile de se montrer sautillant et jovial quand on a froid et qu’un cadre glauque nous entoure. Cet album sonne donc fort différemment qu’"Antidotes", ce qui décevra une partie des fans de la première heure. On pourrait penser que le combo manque d’entrain. Or, le côté moins direct que Foals a donné à sa musique témoigne d’une maturation évidente. Le recul introspectif ayant succédé à l’urgence chancelante et juvénile.
Le titres "Blue Blood", avec son intro très post-rock, et "Black Gold" étalent une matière sonore floutée, à l’onirisme éthéré, preuve d’une mutation réfléchie. Certaines tracks rappellent tout de même l’insouciance du premier album. On veut parler du titre éponyme, au rythme boitillant, ou de "The Orient", épique, accrocheur et tourbillonnant. "Spanish Sahara", avec sa tension qui monte tout en douceur, incrusté de boucles de synthés, s’impose comme le meilleur morceau de "Total Life Forever", suivi de près par le complexe "After Glow". Foals a pris le risque d’évoluer. Sa musique gagne en intelligence. Et l’album nécessite plusieurs écoutes afin d’être apprécié à sa juste valeur. Toutefois une question demeure: pourquoi la pochette fait-elle un clin d’oeil si explicite à Nirvana?Site officiel de FoalsMySpace de Foals